Le Speyside
L’Écosse, terre de légendes, est à la fois belle et envoûtante. Nous avons eu la chance d’y retourner cet été et de faire la fameuse North Coast 500, la route qui fait le tour du nord de l’Écosse. Nous l’avons fait dans le sens sénestrorsum, soit dans le sens inverse des aiguilles d’une montre…
Soyons de suite à l’aise pour le dire : c’est le voyage en Écosse qui nous a offert les plus beaux paysages… Et pourtant l’Écosse, on la connaît ! Nous avons découvert des paysages à vous couper le souffle, des vallées magnifiques et isolées, des montagnes et rochers aussi somptueux que majestueux.
Nous avons commencé notre périple dans le Speyside, capitale mondiale du whisky afin de découvrir quelques distilleries parmi lesquelles nous avons eu la chance de visiter Glenfiddich (prononcer Glenfiddic), Cardhu et Cragganmore.
Chose étonnante, Glenfiddich est une distillerie familiale n’appartenant à aucun groupe. Sa spécificité est qu’elle se transmet de génération en génération et que chaque nouveau président lui apporte une amélioration. Loin de l’image industrielle que l’on peut avoir, la visite de la distillerie vous montrera une entreprise familiale et innovante.
Cardhu est une distillerie plus féminine puisque dirigée par une femme dès ses débuts… alors qu’elle était encore clandestine. A cette époque celle qui l’a dirigeait se contentait de payer l’amende des distilleries clandestines mais n’était pas plus inquiétée. Étape intéressante, la visite de Cardhu vous explique bien les processus de distillation et surtout les étapes qui distinguent les whiskys tourbés de ceux qui ne le sont pas.
Cragganmore est une petite distillerie qui utilise un système de refroidissement de « l’esprit » naturel, à savoir que ses tuyaux de refroidissements plongent dans des cuves extérieures de refroidissement. Détail intéressant, une touriste avait demandé comment était contrôlée la température de refroidissement en extérieur. La guide lui avait répondu qu’ici, il fait toujours froid 🙂
Nous avons bien dégusté, nous avons également bien dormi dans un village du parc national des Cairngorms. Dans l’auberge où nous étions il y avait une taverne qui possédait plus de 200 whiskies. Nous y avons découvert un excellent whisky rond et très fruité : le Tomintoul. Nous vous le conseillons.
Conformément à la tradition, j’ai porté le kilt pendant tous les jours de notre périple. Sachez que le port du kilt est apprécié des écossais qui s’intéressent alors à l’histoire du clan et de ses tartans.
Culloden
Lorsque nous sommes passés à côté d’Inverness, impossible de ne pas s’arrêter à Culloden, lieu de la dernière grande bataille jacobite qui opposèrent une partie du peuple écossais fidèle aux souverains catholiques d’Écosse à l’armée anglaise et aux clans loyalistes qui la supportait (eh oui, trop souvent on oublie de dire qu’à Culloden il y avait aussi des loyalistes qui combattaient aux côtés des anglais). C’était une guerre civile, une guerre de civilisations, une guerre de religions (ne l’oublions pas).
Nous avons fait le tour du champ de bataille. L’entrée se trouve au niveau des lignes anglaises et sommes allés aux drapeaux bleus symbolisant les lignes écossaises. Nous avons eu une pensée émue pour le clan Cameron, clan avec lequel le nôtre entretien les relations les plus fraternelles, qui a mené la charge et qui n’a pas été suivi par la moitié des combattants. En ce 16 avril 1746, les lignes anglaises n’ont pas bougé. Seule la cavalerie a coupé la retraite de ceux qui tentaient de faire demi-tour. Un ultime effort nocturne des jacobites n’a pas eu l’effet escompté…
Il y a eu un avant et un après Culloden… L’après a entraîné la fin du système clanique pendant plus d’un siècle, système qui aujourd’hui se reconstitue lentement.
Moment émouvant, moment touchant… Une pensée pour ceux qui se sont battus pour leur idéal.
La North Coast 500
Après nos visites gustatives et culturelles, nous avons entrepris de faire la North Coast 500… Et nous avons eu raison. D’abord parce que cette route est beaucoup moins fréquentée que les routes traditionnelles des Highlands, ensuite parce qu’elle est beaucoup plus belle… vraiment !
Nous avons commencé par aller à John O Groat et ses fameux rochers en forme de cônes. Ils sont étonnants, ils sont majestueux dans leur façon de pointer le ciel. Le truc quand vous faites cette route en kilt, c’est que les gens essayent de vous photographier. Ainsi à John O Groat alors que nous contemplions les pythons rocheux légendaires, il y avait un italien qui disait à sa femme « rapproche toi de lui que je vous prenne en photo »… Comme si le type pensais que je ne comprenais pas l’italien… Il voulait une photo de sa femme à côté d’un écossais 🙂
La côte nord est plate à l’Est et très montagneuse à l’Ouest. En chemin il convient de s’arrêter à la Smoo Cave. C’est l’attraction de Durness, au Nord-Ouest. C’est une grotte imposante qui peut se visiter en canot pneumatique. Il y a de jolies promenades à faire autour. Durness est la grosse ville locale… Comptez 400 habitants ce qui vous permet d’imaginer la densité de population de cette partie de l’Écosse. Bon, en kilt ce n’est pas facile, mais c’est réalisable… je vous le dis d’expérience !
A ceux qui s’extasient devant les « five sisters », faites le chemin « single track road » entre Lochinver et Altbea en passant par Inverkirkaig et rejoindre Drumrunie… Vous traversez des vallées magiques et magnifiques… D’ailleurs, on se laisse facilement enchanter par l’environnement. Nous passons de vallées désertiques avec une végétation composée de mousses et d’herbes, avec quelques arbres par ci par là à des vallées ensoleillées et verdoyantes dans lesquelles nous pourrions nous attendre à croiser le petit peuple des bois ou des elfes.
Nous avons eu une pensée pour le Clan MacKenzie puisqu’à Lochinver nous avons dîné au Caberfeidh, un restaurant local dont l’emblème est une tête de cerf (traduction de Caberfeidh). Pas de hasard ici, cette petite ville a été (ou l’es toujours) sur le territoire nord des MacKenzie, à proximité des Sutherland et dont le chef de Clan porte le titre de Caberfeidh.
Nous avons profité de notre périple pour aller au phare de Rua Reidh, non loin de Loch Ewe… Une single track road dont les ponts sont larges de 2,20m… Du Phare nous avions vue à la fois sur Skye et sur Lewis… Un paysage magnifique et terriblement venté (pensez à avoir un kilt pin qui tienne la route).
La North Coast 500 est un voyage magnifique. En terme de paysages, c’est sans doute le plus beau qu’il m’ait été donné de faire…
Craigmillar Castle
Nous sommes ensuite retournés à Edinburgh (Prononcez édinnbeureu) où nous avons eu la chance d’être accueilli par Eddie et Alison Ramsay qui sont évidemment membres du clan. Eddie a eu l’idée de nous faire visiter un château moyenâgeux du nom de Craigmillar Castle. C’est un château qui est aujourd’hui en ruine mais qui a accueilli en son temps Marie Stuart alors qu’elle et sa cour revenaient de France.
Détail intéressant, le blason situé au dessus de l’entrée comporte 3 têtes de licornes…
Le château est situé non loin d’Edinburgh et c’est une étape sympathique à faire lorsqu’on va au sud de la capitale écossaise ; il est sur la route de la Rosslyn Chapel pour les amateurs du Da Vinci Code.
Edinburgh
Lorsque nous sommes redescendus à Edinburgh, nous nous sommes arrêtés à 2 endroits ; d’abord Stirling, l’endroit où en 1297 l’armée Écossaise menée par William Wallace écrasa l’armée anglaise puis ensuite les Kelpies à côté de Falkirk, 2 gigantesques têtes de chevaux qui sont dans un parc qui borde l’autoroute.
A Stirling se dresse le monument de William Wallace. C’est un sanctuaire dédié au héro national d’Écosse qui était Lowlander de son état. Le monument est impressionnant. Vous prendrez la navette pour y monter et redescendrez à pied. Il y a 3 étages dédiés à la vie de Wallace. On y accède par un petit escalier en colimaçon. Il y a plusieurs centaines de marches pour monter tout en haut.
A Edinburgh nous avons visité le château de Holyrood, lieu qui a toujours abrité les familles royales en Écosse. C’est le lieu qui a hébergé les dynasties Stuart et qui est le lieu de résidence de sa très gracieuse Majesté lorsqu’elle doit venir en Écosse. La grosse différence entre Balmoral et Holyrood est que ce dernier est un lieu de travail et non un lieu de villégiature. Notre guide, Eddie (c’est sa profession) nous apportait des détails importants sur Holyrood.
Nous en avons profité pour faire le Royal Mile, avenue traditionnelle qui relie les 2 châteaux d’Edinburgh. Nous avons pu visiter des « closes » (impasses cachées) absolument magnifiques auxquelles le touriste n’a pas accès s’il ne les connaît pas. Nous en avons profité pour visiter la High Church (cathédrale) d’Edinburgh avec la salle capitulaire de l’Ordre du Chardon d’Ecosse. Sur un vitrail se trouve le blason de notre chef de Clan, Lord Dalhousie. Il en est de même dans la salle capitulaire puisque le père de notre actuel chef de Clan était membre de l’Ordre.
Ce fut une visite magnifique avec des guides exceptionnels, Ramsay !
Le château de Dalhousie
N’y allons pas par 4 chemins ! Quand on est un Ramsay et que l’on porte le tartan Ramsay, on se ballade dans le château de Dalhousie comme si nous étions chez nous. Eddie et Alison nous ont guidé et permis de visiter le château de haut en bas. Les serveurs qui nous croisaient nous saluaient poliment ; ils portaient le même tartan que nous à la différence que nous étions en kilt, ils le portaient en cravate.
C’est un château magnifique qui est l’ancien fief du Clan Ramsay. J’avais écrit à Lord Dalhousie afin de savoir si nous pouvions nous y rencontrer avec Eddie. Il m’avait répondu qu’il était en vacances ce jour là. Ce n’est que partie remise. Nous vous laissons apprécier la beauté de ce château.
Gastronomie écossaise
Impossible de faire l’impasse sur la gastronomie écossaise ; elle est fine, succulente, excellente… N’hésitez pas à entrer dans une taverne perdue, vous y ferez des rencontres étonnantes tant sur le plan humain que culinaire. Un soir alors que nous étions à Aultbea un patron pêcheur est entré avec ses employés dans le bar où nous étions. Il a commencé à discuter avec nous, nous posant des questions sur nos tartans, nos origines et sur le fait qu’il trouvait chouette que des gens portaient encore le kilt.
La cuisine écossaise est variée ; elle fait appel aux poissons, également à la viande. Vous pouvez prendre au petit déjeuner du saumon ou un hareng. Personnellement j’ai une préférence pour le saumon. Le soir vous prenez un haggis en entrée, une salade ou une viande (de l’Angus par exemple !) qui sera tendre au possible… Vous arrosez votre repas d’un bon whisky ou d’une bière locale. C’est délicieux…
A Edinburgh nous avons eu la chance de dîner à the Witchery by the Castle qui est un restaurant de renom. On y va pour prendre du plaisir !
Un voyage mémorable, superbe et envoûtant que nous referons assurément.
Mon cher laurent, pour la North Coast, je pense que tu as fait le bon choix du sens. J’avais fait quelques semaines plus tôt la route inverse (voir http://www.atoma.org/atopia-v3/index.php?post/2017/06/13/Carnet-de-route-Ecosse ) et l’arrivée sur le Nord-Est plat ne pouvait offrir autant de dépaysement que la route du Nord-Ouest.
Merci pour le récit de ce splendide voyage qui me donne encore une raison de plus d’y retourner (et oserai-je quitter mon pantacourt pour le Kilt? Why not!)