Quelques réflexions sur le chapitre 1 de “De la Liberté et des facultés des êtres spirituels et de leur émancipation”.
Voici un petit texte explicatif du premier chapitre de “De la Liberté et des facultés des Êtres Sprituels et de leur émancipation”. Le texte original est consultable en ligne sur le site de la BNF. Il permet de rappeler quelques fondements de l’ésotérisme Chrétien de Martinez de Pasquali, également de ceux qui en ont découlé à savoir celui de Jean Baptiste Willermoz et évidemment celui de Louis Claude de Saint Martin. L’accent est mis sur les différences qu’il y a entre les êtres émanés de Dieu et ceux qui sont émancipés. Les cherchants dits “rectifiés” pourront y puiser quelques éléments de réflexion.
Émanation : Existence spirituelle, individuelle et hors du centre Divin. L’Émanation confère 3 qualités que sont la pensée, la volonté et l’action.
La liberté des êtres émanés – ce que sont tous les êtres spirituels – s’exprime de dans l’observation des préceptes, lois et commandements que Dieu donne à ces êtres, ce que Willermoz appelle la pratique du Culte pur de leur amour. Ainsi, les lois et commandements divins n’ont pour autre voie d’expression que celle du cœur, l’Amour. Ceux qui s’en écartent sont voués à la damnation et surtout, au malheur. Néanmoins cette Liberté qui est confiée aux êtres spirituels constitue leur faiblesse car ils peuvent en abuser. Et cette faiblesse témoigne du fait que les êtres spirituels émanés sont dépendants du créateur, qu’ils lui sont donc inférieurs.
La question que nous pouvons légitimement nous poser est celle du paradoxe entre amour et dépendance, également entre malheur et liberté. L’Amour ne rend ‘il pas libre ? La Liberté ne rend-elle pas heureux ? Tout ceci n’irait il pas à l’encontre de nos pensées vulgaires ? Jean Baptiste Willermoz nous répond que Dieu a borné la liberté des êtres émanés afin de leur procurer un bonheur éternel, qu’ils puissent ainsi vivre dans sa loi car Dieu est le seul être qui existe et qui soit bon de par lui-même. Ainsi, par l’observance de ces lois les êtres émanés sont bons.
Comment alors concevoir la Bonté de Dieu. En lisant le texte nous nous rendons compte que parce que Dieu est bon il a accordé la Liberté aux êtres émanés pour qu’ils en fassent bons usage. Il leur a donc, de fait, accordé la pensée, la volonté et l’action individuelle ce qui sous-entend l’usage libre de leurs facultés intellectuelles. C’est, en quelque sorte, le Libre Examen et la Confiance, que Dieu confie à ses êtres émanés. Ces êtres spirituels pensants ne sont donc pas des marionnettes du Créateur, ce que Willermoz appelle des automates.
En confiant aux êtres émanés le Libre Arbitre, Dieu leur donne également les outils de leur chute, tel ce qui s’est passé pour l’Archange Lucifer, mû par l’orgueil que cette liberté lui avait suggéré. C’est ainsi que Willermoz nous invite à distinguer 2 principes que sont l’émanation et l’émancipation.
L’émanation est selon lui l’acte d’Amour que Dieu fait pour donner aux êtres spirituels une existence distincte et et éternelle. Ils sont dotés de la pensée, de la volonté et de l’action mais cependant, cette émanation s’exprime dans les lois et commandements de Dieu.
L’émancipation est ce qui arrive aux êtres émanés qui ne suivent plus les commandements de Dieu. Ils sont dotés de la pensée de la volonté et de l’action mais doivent opérer un sacrifice pour regagner leur enchaînement au créateur.
Nous en déduisons avant que Willermoz ne l’écrive que les anges rebelles sont des êtres spirituels émanés qui se sont émancipés puisqu’ils rejettent la loi même de leur leur existence, à savoir celle de Dieu qui est Amour.
Qu’arrive-t-il alors aux êtres émancipés ? Willermoz nous dit qu’ils sont perdus néanmoins, cette perdition est temporaire ; elle dépend de leurs actions, de leurs opérations. Soit ils persistent dans leurs actions et dans leur égarement à savoir s’affranchir de l’union avec le Créateur, auquel cas ils sont définitivement perdus, soit ils décident de sacrifier leur Liberté pour recouvrer le bonheur de l’Amour en Dieu. La sanctification, l’état de grâce s’opère dans l’Amour de Dieu.
L’homme est un être au moins émancipé qui doit recouvrer son statut d’être spirituel émané nous laisse à penser Jean Baptiste Willermoz. Cette doctrine n’est pas sans nous rappeler celle de Martines de Pasquali qui nous expliquait qu’Adam ayant voulu se faire l’égal du Créateur par ses opérations, fût déchu avec ses créatures et que sa postérité doit travailler à regagner son état glorieux et spirituel originel qu’il appelle la réintégration. Cette victoire sur lui même que l’homme doit opérer pour regagner son état originel, c’est ce que Martinez appelle la réconciliation et Willermoz le Sacrifice. Un sacrifice qui rappelle la souffrance et la persévérance d’un cherchant.
L’homme est ainsi un être émancipé qui, pour obtenir la réconciliation d’avec son créateur, doit lui offrir sans cesse le fond de son cœur. C’est bien ce que propose le Rite Ecossais Rectifié, nous montrant ainsi la chute au premier grade, l’être émancipé au second grade, le sacrifice et la réconciliation au 3e grade et enfin la réintégration avec son créateur au dernier grade symbolique, ce que Willermoz appelle encore la sanctification.
Il cite les paroles du souverain juge qui sont : « Venez les bénis du Père, venez prendre possession du Royaume Éternel qui vous a été préparé dès le commencement ». N’est-ce pas là la parfaite description du dernier tableau du Maître Ecossais de Saint André ?
Willermoz nous invite à marcher dans les pas du Christ, celui qui a librement offert et sacrifié sa volonté à Dieu.
Tel Jésus, les hommes qui savent où est leur destination, où est leur chemin sentent en eux l’incarnation du Verbe Divin. L’évangile de Jean nous le rappelle sans cesse ; la Lumière, le Verbe Divin brillait dans les ténèbres, dans l’homme, mais les ténèbres ne l’avaient point comprise.
Par la prise de conscience de l’existence du Verbe Divin en lui, l’Homme pourra trouver le chemin de la réconciliation avec son Créateur. Il pourra même, recouvrer sa destination primitive et la grande puissance dont il fut investi par Dieu à sa création.
En ce sens, hors de la Foi il n’est point de Salut.